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Le contexte

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Kathleen O'Ryan

Kathleen O'Ryan
Administratrice féroce


Messages : 103
Date d'inscription : 03/09/2012


Ma feuille de route
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MessageSujet: Le contexte Le contexte  Icon_minitimeLun 3 Sep - 21:03

Le Contexte
Discours de Elizabeth à l’enterrement de ses parents, fondateurs de la communauté


Le soleil qui irradiait ce jour-là devait être un signe. Pas de larmes, pas de mouchoirs. Juste cette foule, ces deux modestes morceaux de pierre, et moi. Pourquoi aurais-je eu le trac à ce moment-là ? A cause des centaines de personnes postées devant moi ? Je les connaissais tous, si bien, même si la lumière éblouissante me les rendait presque étranger.
Je levais enfin la main, et chacun se tut.

« Merci à tous d’être venu aujourd’hui. J’avais préparé un discours, mais ça m’a paru trop solennel, alors j’ai préféré le laisser chez moi… J’entends des rires dans l’assistance. Oui, vous me connaissez tous trop bien : J’avoue, je l’ai oublié. Feu mon père se serait moqué de moi de toutes façons : « Rien ne vaut le naturel et la spontanéité »me disait-il. Alors, autant se lancer ainsi.
Je voudrais tout d’abord vous remercier de ne pas être venu vêtus de noir. C’aurait été un si mauvais hommage que de leur faire des adieux d’une si triste et pathétique façon. Mes chers parents, comme vous le savez tous, n’aurait voulu d’un enterrement criblé de roses, de plaques, de voilettes, et de mouchoirs blancs. D’ailleurs, au cas-où je ne l’aurais pas assimilé, c’était expressément écrit dans leur testament.
Ils ont également tenus à ce que je vous compte une petite histoire. Laquelle me direz-vous ? Mais la nôtre bien entendu ! Je tiens à préciser que si nous sommes exactement 416 à l’heure où je vous parle, cela n’a pas toujours été le cas.
Tout a commencé il y a une soixantaine d'année, quand mes parents chéris étaient déjà des artistes dans l’âme. L’un musicien autodidacte et petit chanteur de rock, l’autre fervente amatrice des couleurs et des matières. Tous les deux s’imaginaient filer une vie de couple bohème, entre pinceaux et partitions, mais le monde les a rappelé à l’ordre. Ils rêvaient d’une vie mais il fallait avant tout survivre. C’est comme ça que, main dans la main, ils entrèrent dans le monde du secondaire, du tertiaire, de l’industrie et du service public, au beau milieu de la ville de Dublin. Une vie… pardonnez-moi l’expression, « chiante à mourir » pour des excentriques comme eux. Seulement, Abigail et Patrick O' Ryan s’en accommodèrent, essayant d’y trouver un intérêt autre qu’une consommation qui ne pouvait être qu’un cercle vicieux, ne pouvant faire autrement que de délaisser ce qui avait rythmé leur existence quelques années plus tôt. La paperasse s’accumulait, ils rentraient tard, c’était la boucle bouclée, le même début et la même fin chaque jour.
Fondus malgré eux dans cette vie citadine, ils n’oubliaient quand même pas de s’aimer de temps en temps. Et je suis née.
C’est alors qu’entre burn-out et déclic, ils se regardèrent, un soir, allongés dans le lit conjugal comme tous les autres couples irlandais à ce moment. A quoi ont-ils pensé à ce moment-là ? D’après ma mère, à moi. D’après moi, un peu plus égoïstement à eux quand même. Mais c’est un autre débat, et j’aimerais éviter que leurs fantômes ne viennent me flanquer une bonne rouste. Bref.
Ils voulurent que cela cesse. Ce n’était pas l’existence dont ils avaient rêvé. C’était trop banal, trop formaté ! La preuve, depuis combien de temps n’avaient-il pas touché une guitare, un synthé, de la gouache ou un chevalet ? Et puis, moi, leur petite Elizabeth, j’étais forcément comme eux ! Dès que je sus marcher, je commençais à danser, à dessiner, à faire des sculptures en fourchettes et en papier toilette.
Alors la décision fut prise. Adieu la ville, adieu le bureau, adieu l’appartement au troisième étage sans ascenseur et sans balcon. Oui, sans balcon, j’vous jure…
Nous prîmes le premier train qui partait pour la campagne, avec le strict nécessaire dans de grosses valises et le sourire aux lèvres. J’avais 3 ans, je ne m’en souviens que très vaguement, mais il parait que j’étais contente. Nous sommes donc partis vers le sud, et avons, comme vous le savez tous, mis le pied sur les terres du comté de Wiclow et ses montagnes verdoyantes.
Je ne sais pas réellement comment ont-ils trouvé cette immense bergerie abandonnée, mais le fait est que c’était l’endroit rêvé pour nous. Les talents de peintre et décoratrice de Maman associé à la bonne humeur et la force de Papa réussirent à rendre cette maison habitable. L’eau n’était pas courante dans l’habitation – le puits était dehors- mais on pouvait faire de la musique et peindre en extérieur comme bon nous semblait. L’extase.
Mes chers parents avaient parlé de leur grand départ à quelques amis précieusement gardés de l’enfance. Des musicos eux aussi, ou des fous furieux dans le genre. C’est comme ça que petit à petit, nous ne furent plus seuls dans notre campagne isolée. Il y avait bien assez de place pour accueillir tous ces reclus de la société ! Et puis… plus on est de fous, hein…
Dans un esprit de franche camaraderie, les habitations poussèrent doucement, comme des champignons autour de la nôtre. Un peu vétustes au début, mais le bonheur était ambiant, et peu à peu c’était une vraie communauté d’artistes qui se formait. De charmants bricoleurs que nous ne remercieront jamais assez réussirent à rendre nos vies plus aisées, voyez par vous même l'eau qui s'écoule de vos robinets et les boutiques qui nous permettent de vivre en autarcie ! Le bouche à oreille est une chose fantastique, mes amis, vraiment. La preuve, vous venez des quatre coins du monde !
Qui aurait cru… Pas eux en tous cas. Enfin, pas au début.
Leur plus grand souhait ne pourrait être autre que de voir prospérer leur œuvre de là-haut. Alors, je crois que la plus belle chose que nous puissions faire pour eux, c’est de continuer à être qui nous sommes, comme nous le voulons, faire résonner nos chants et danser entre les maisons. Aujourd’hui doit être un jour de 2012 comme les autres, et ils sont toujours là auprès de nous. Merci. »


Un grand sourire illuminait mon visage quand les hourras de la foule retentirent.





Dernière édition par Elizabeth O'Ryan le Mar 27 Nov - 18:42, édité 2 fois
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